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Impacts sans commotion

Les preuves suggèrent que les impacts non commotionnels, et non les commotions cérébrales, sont la principale cause de l’ETC.

Le moteur de l’encéphalopathie traumatique chronique (ETC)

De nombreuses personnes sont surprises d’apprendre que des cas d’ETC ont été découverts chez des athlètes qui n’avaient jamais été diagnostiqués comme ayant subi une commotion cérébrale. Cette révélation a incité certains scientifiques à examiner d’autres types de traumatismes cérébraux comme cause possible de l’ETC.

À l’heure actuelle, les meilleures données disponibles suggèrent que ce sont les chocs non traumatiques, et non les chocs traumatiques, qui sont à l’origine de l’ETC. En fait, la probabilité de développer une ETC semble surtout liée au nombre et à la force des chocs à la tête subis au cours d’une vie.

Qu’est-ce qu’un impact sans commotion?

Un impact sans commotion est simplement un choc à la tête qui n’entraîne pas de commotion cérébrale diagnostiquée. Une commotion cérébrale est un type de lésion cérébrale traumatique qui se traduit par des signes observables (perte de conscience, perte d’équilibre, désorientation) ou des symptômes ressentis (maux de tête, vertiges, vision double, amnésie, sensation de brouillard). La plupart des chocs à la tête n’entraînent pas de signes ou de symptômes de commotion cérébrale et sont donc sans commotion.

La plupart des tacles et des collisions sur le terrain de football, les coups de tête au football, les mises en échec ou les collisions avec la bande ou d’autres joueurs au hockey sur glace et les mises en échec à la crosse sont des exemples de ces types d’impacts.

Les chocs sans commotion peuvent-ils endommager le cerveau ?

Oui, des preuves scientifiques suggèrent que certains impacts sans commotion provoquent des lésions cérébrales traumatiques subcliniques. Un traumatisme cérébral sous-clinique ne provoque pas les signes ou symptômes classiques d’une commotion cérébrale, mais peut entraîner des modifications des biomarqueurs, de l’imagerie ou de la fonction cérébrale.

Pensez-y de la manière suivante : le cerveau humain compte environ 86 milliards de neurones – quelles sont les chances que vous sentiez un neurone blessé ? Nous ne savons pas combien de neurones doivent être lésés pour entraîner des signes ou des symptômes, ni à quel endroit du cerveau les neurones doivent être lésés pour entraîner des symptômes spécifiques.

On peut comparer l’ETC à une blessure de surutilisation. Les lanceurs de baseball qui lancent trop peuvent finir par avoir besoin d’une « opération Tommy John » en raison de tous les microtraumatismes qui entraînent l’usure d’un ligament du coude. Ils n’ont jamais subi de grosse blessure au coude, mais le ligament s’est quand même usé.

L’ETC pourrait se produire de la même manière : ce n’est pas une blessure unique qui provoque la maladie, mais plutôt l’accumulation de microtraumatismes dus à des milliers de coups au fil des ans. La grande différence, c’est qu’il n’y aura jamais d’opération chirurgicale pour réparer le cerveau. Il est donc important d’essayer de prévenir l’ETC en limitant l’exposition aux chocs à la tête, tout comme le nombre de lancers au baseball permet d’éviter les blessures au coude.

Les coups non commotionnels sont-ils identiques aux coups sous-commotionnels?

Nous n’utilisons plus le terme « sous-commotionnel » car nous pensons qu’il est trompeur. Le préfixe “sous-” implique des impacts inférieurs à la commotion cérébrale et a mené les experts à parler de « petits impacts répétés à la tête » comme étant un facteur de risque pour l’ETC et d’autres conséquences.

Mais une nouvelle analyse des données publiées, menée par les neuroscientifiques de la CLF, a révélé que la plupart des commotions cérébrales ne sont pas les chocs les plus violents subis par les athlètes. Des études ont montré que les commotions moyennes se situent autour du 90e percentile de l’accélération subie par un athlète au cours d’une saison.

En d’autres termes, si un joueur de football subit 1000 chocs à la tête au cours d’une saison et qu’on lui diagnostique une commotion cérébrale, il est probable qu’il subisse jusqu’à 100 chocs non traumatiques plus durs que la commotion cérébrale. Les joueurs de football sont rarement diagnostiqués avec une commotion cérébrale chaque saison, et une étude sur les joueurs de football universitaire a montré que pour chaque commotion cérébrale subie, un joueur subit 340 impacts de tête d’une magnitude supérieure.

C’est pourquoi la CLF encourage l’utilisation du terme “non commotionnel” plutôt que “sous-commotionnel”. Bien que les « petits chocs répétés à la tête » soient découragés, nous devrions nous concentrer sur la réduction des « gros chocs répétés à la tête ».

Comment savons-nous que les chocs non commotionnels sont dangereux?

Au cours des dernières années, des groupes de recherche utilisant des accéléromètres montés sur des casques nous ont aidés à comprendre comment les impacts non-commotionnels s’additionnent pour causer des lésions cérébrales. Cette technologie permet aux scientifiques de compter le nombre de coups qu’un athlète reçoit sur une période donnée, la force de ces coups et le temps de repos dont bénéficie l’athlète entre deux coups. Les scientifiques peuvent utiliser ces informations pour comparer les athlètes qui ont reçu beaucoup de coups à ceux qui en ont reçu moins, ou à des personnes qui n’ont pas reçu de coups du tout.

Un autre avantage de ce type de recherche est qu’il permet aux scientifiques d’exclure les athlètes ayant subi des commotions cérébrales, ce qui leur permet de se concentrer uniquement sur les effets des impacts sans commotion. En comparant les athlètes ayant subi de nombreux impacts à ceux qui n’en ont pas subi, les scientifiques peuvent isoler l’effet des impacts sur toute une série d’éléments, allant de la mémoire et de la capacité de réflexion d’un athlète à la force des connexions physiques dans le cerveau. L’image est assez claire : subir trop de coups n’est pas bon. Voici ce que nous avons appris:

Il existe une corrélation entre les chocs non commotionnels à la tête et la présence et la gravité de l’ETC.

Une étude portant sur 631 joueurs de football décédés a révélé que la probabilité d’être atteint d’une ETC était liée au nombre et à la force estimés des impacts à la tête, mais pas au nombre de commotions cérébrales diagnostiquées, autodéclarées ou estimées par la famille.

Les coups non-commotionnels nuisent à la mémoire et à l’attention.

Plusieurs études ont montré que les athlètes qui subissent le plus de chocs non-commotionnels obtiennent de moins bons résultats aux tests de mémoire et d’attention que leurs coéquipiers qui subissent moins de chocs.

Les coups non-commotionnels endommagent les connexions dans notre cerveau.

Les différentes zones du cerveau sont reliées entre elles par des faisceaux de cellules cérébrales semblables à des fils, ce qui leur permet de communiquer de manière transparente. Grâce à une technique appelée Imagerie en Tenseur de Diffusion, les scientifiques peuvent voir ces connexions et mesurer leur force structurelle. Un trop grand nombre d’impacts non traumatiques peut endommager la structure de ces connexions filaires, rendant plus difficile la communication entre les zones du cerveau.

Les chocs non commotionnels suppriment les fonctions cérébrales.

Grâce à une technique appelée Imagerie par Résonance Magnétique fonctionnelle, les scientifiques peuvent voir à quel point les différentes zones du cerveau sont actives lors de tâches de réflexion ou de mémorisation. Des études menées sur des athlètes de contact ont montré que les athlètes ayant subi un plus grand nombre de chocs non commotionnels ont une activité cérébrale moindre que les athlètes ayant subi moins de chocs.

Comment prévenir 
les coups non commotionnels?

Limiter les impacts non commotionnels est un excellent moyen de rendre les sports plus sécuritaires. À la Fondation Héritage pour les commotions cérébrales, nous préconisons trois piliers pour réduire le nombre d’impacts non commotionnels auxquels les athlètes sont exposés.

01

Retarder l’introduction du contact (règles adaptées à l’âge).

Les athlètes qui ont une carrière plus longue dans les sports de contact ou de collision subissent plus d’impacts sans commotion, et les athlètes qui commencent plus tôt ont tendance à avoir une carrière plus longue. En retardant l’introduction des contacts ou des collisions (par le biais de modifications des règles pour les divisions de jeunes), nous pouvons limiter le temps dont dispose un athlète pour accumuler des dommages.

02

Éliminer les contacts lorsqu’ils ne sont pas nécessaires.

Les recherches menées à l’aide d’appareils de comptage des coups ont montré que, dans de nombreux sports, la majorité des chocs à la tête se produisent pendant l’entraînement. En modifiant les exercices et la structure des entraînements afin d’éliminer le contact lorsqu’il n’est pas totalement nécessaire, nous pouvons réduire la part du lion des coups non commotionnels dans les sports sans modifier du tout le déroulement du jeu.

03

Modifier le contact lorsque c’est nécessaire.

Certains contacts à l’entraînement sont nécessaires pour que les athlètes pratiquant des sports de contact et de collision apprennent à se protéger et à protéger leurs adversaires contre les blessures graves. Dans ce cas, limiter les répétitions au minimum nécessaire pour atteindre des points d’apprentissage particuliers est un excellent moyen d’éviter des blessures inutiles. Une approche réfléchie des exercices et des entraînements peut s’avérer très utile!

Pour en savoir plus sur nos programmes d’éducation et de sensibilisation visant à prévenir les coups non commotionnels.